Par Philippe Normandin, L’odyssée financière, 3 Novembre 2023 Le récent rapport sur l’inflation au Canada présente un tournant encourageant, avec une baisse notable de l’Indice des prix à la consommation (IPC) de base à 3,2%. Cette évolution est particulièrement bienvenue, surtout si l’on considère la récente augmentation de l’inflation le mois précédent. Le Canada en bonne posture L’inflation de base au Canada suit une trajectoire légèrement descendante depuis quelques mois, ce qui a conduit la Banque du Canada à garder son taux directeur inchangé lors de sa dernière réunion. Le Canada se trouve ainsi dans une position avantageuse par rapport aux États-Unis et à l’Europe, qui sont aux prises avec une inflation plus élevée. Il est important pour la Banque du Canada de maintenir un taux directeur supérieur à l’inflation de base, afin d’appliquer une politique monétaire restrictive et de contenir l’inflation (selon la règle de Taylor). Sa politique monétaire est bien restrictive en ce moment, car son taux directeur est 1,7% plus élevé que l’IPC de base. Comment le taux directeur de la Banque du Canada influence-t-il les taux d’intérêt? Le taux variable bouge exactement dans la même proportion que le taux directeur de la Banque du Canada. Les taux fixes bougent sensiblement de la même façon que les bons du Trésor canadien de la même durée de temps. Par exemple, le taux d’intérêt hypothécaire de 5 ans suivra les fluctuations du bon du Trésor à 5 ans. Le marché des bons du Trésor tente d’anticiper les fluctuations du taux directeur de la Banque du Canada : En mars dernier, le marché des bons du Trésor avait baissé, anticipant des baisses du taux directeur de la Banque du Canada avant la fin de l’année. Au mois de mai, le marché des bons du Trésor a toutefois réalisé que le taux directeur de la Banque du Canada continuerait d’augmenter en juin et en juillet, alors les bons du Trésor n’ont cessé d’augmenter. Ceci a donc fait fluctuer les taux hypothécaires fixes de plus de 1,25% en 2023. Si les bons du trésor demeurent aussi élevés, les taux d’intérêt resteront également élevés. Le dilemme de la Banque du Canada Un ralentissement économique se fait de plus en plus sentir dans plusieurs sphères de l’économie. Cela pose un réel dilemme à la Banque du Canada, puisqu’elle devra choisir entre maintenir le taux directeur élevé pour lutter contre l’inflation ou le réduire pour stimuler l’économie. Cependant, la stimulation de l’économie en abaissant le taux directeur serait inflationniste. Tant que le système financier ne connaît pas de graves problèmes (ce qui nécessiterait des baisses du taux directeur et une impression importante d’argent), il est probable que la Banque du Canada maintienne son taux directeur inchangé. Lorsque l’inflation de base diminuera sous les 3% de façon constante (conséquence d’un ralentissement des dépenses des ménages ou d’une récession), la Banque du Canada pourra alors commencer à réduire progressivement son taux directeur. Bon à savoir : de nombreux milliardaires américains comme Ray Dalio, Bill Ackman, Bill Gross et Jeffrey Gundlach, se préparent pour des moments difficiles. Ils évitent d’investir dans les obligations à long terme du gouvernement américain, qui sont généralement considérées comme une valeur sûre. Voilà un sujet captivant que nous aborderons plus en détail en 2024. Ce qu’il faut retenir Si la tendance se maintient, nous ne devrions plus voir de hausse du taux directeur au Canada. Les gens qui sont patients pourraient bénéficier d’un meilleur taux d’intérêt fixe dans la première moitié de 2024, car les bons du Trésor à 5 ans devraient tenter d’anticiper les baisses de taux de la Banque du Canada. À suivre! Pour aller plus loin : The market’s heaviest hitters are sounding the alarm on US debt Billionaire investor Bill Ackman says the Fed’s fight against inflation may never end due to strikes and soaring gas prices Obligations et actions en baisse